J’ai vu Celtic vs Rangers… Je peux mourir tranquille ! (à lire absoluement)

Publié le : 11 juin 20209 mins de lecture

Jeudi 1er mars, mon beau-frère m’appelle et me lance une phrase magique : « Got it ! Next weekend we are in Glasgow ! ». Rien de magique en cela me diras-tu, sauf que ce week-end n’est qu’une excuse pour aller assister au « Old Firm », LE match que tout fan de foot espère voir un jour : Celtic – Rangers, les Verts contre les Bleus, les Catholiques contre les Protestants.

J’ouvre une parenthèse Wikipédienne pour commencer… Celtic contre Rangers, c’est le Real – Barça du championnat écossais ! A la différence près que si Valence, La Corogne ou l’Atletico de Madrid jouent parfois les trouble-fêtes et gagnent le titre, ce dernier n’échappe plus aux deux équipes de Glasgow depuis 22 ans et le sacre d’Aberdeen ! Les deux éternels rivaux totalisent 91 titres à eux deux : 51 titres pour les Glasgow Rangers et 40 pour le Celtic Glasgow ! Ils sont également co-détenteurs d’un record d’Europe avec leurs 9 titres de champion d’affiliée ! L’Olympique Lyonnais – ou FC Lyon… – en est encore loin… Fin de la parenthèse et début du récit !

Nous voilà donc arrivés sur le tarmac de Glasgow pour une fin de semaine pub-bière-whisky-foot-rugby ! Je t’évite tous les détails de notre samedi que tu imagines… écossais ! Ah si, un détail peut-être : on comprend pourquoi la bière est élevée au rang de reine au pays des Highlands ! Il suffit de passer une journée dans les pubs et les rues de Glasgow pour comprendre pourquoi les mâles locaux aiment tellement boire quelques pintes avant de (devoir) rentrer chez eux afin de retrouver leur tendre et douce moitié … Même une visite dans la boîte de nuit la plus branchée de la ville n’y fera rien ! Mesdames, vous pouvez laisser vos maris partir en Ecosse en toute tranquillité, il n’y a aucun risque d’adultère ! Bref, quand on dit qu’« une Ecossaise est bonne », on parle évidemment d’une bière !

Autre petit détail assez intrigant, aucun maillot d’une des deux équipes n’est porté à la veille du match qui divise la ville. Apres une récolte d’informations (ou plutôt une discussion avec des inconnus en attendant les cinq pintes commandées au bar), nous comprenons qu’en dehors des chasses gardées que représentent les quartiers ou pubs exclusivement « Rangers » ou « Celtic », il est plutôt déconseillé de se balader en ville en arborant les couleurs d’un des clubs… Très rassurant… D’ailleurs et afin d’éviter les bagarres entre mâles belliqueux, la majorité des pubs du centre ville affiche à l’entrée un panneau interdisant tout maillot de club de foot !

Passons plutôt à dimanche, jour de match ! Première surprise, le coup d’envoi du match est prévu pour 12h30, une heure à laquelle l’alcool n’a pas encore fait de dégâts sur le cerveau des supporters… A nouveau très rassurant… Donc réveil difficile, suivi du moment magique où nous nous regroupons chez un ami pour recevoir les fameux billets ! A partir de ce moment-là et jusqu’à l’entrée dans le stade, tu ne respires plus et tu vérifies toutes les 3 minutes si ton billet est toujours au même endroit ! Mon « beauf » a d’ailleurs réussi à jeter le sien à la poubelle avec un tas de feuilles avant de partir… Je crois que c’est la première fois de l’histoire qu’un billet pour un « Old Firm » se retrouve à cet endroit ! Je ne te donne pas les raisons de cette maladresse, tu l’auras sans doute deviné… Toutefois, plus de peur que de mal, chacun a son billet en poche et monte dans la voiture heureux comme un gamin ! Départ pour le Celtic Park !

La petite demi-heure de route nous permet de visiter les banlieues de la ville. Deuxième argument en faveur des hommes écossais préférant passer leur temps au pub… Mais au moment où l’on voit les premiers maillots et écharpes verts et blancs, l’excitation revient ! (Et je vérifie une nième fois que mon billet est bien à sa place…). Notre arrivée au stade sera des plus banale, si l’on exclut les chants celtes et les cornemuses manipulées par des gaillards au physique de rugbyman en kilt !

Nous voilà enfin arrivés à la buvette du stade histoire d’attendre que les gradins se remplissent. Pas de bières en vente… A croire que ce breuvage est une sorte de potion magique chez les Scots. Impatients, nous allons vite rejoindre nos places dans les tribunes du stade et profiter du spectacle. Chair de poule ! Première surprise : le nombre très important de places allouées aux Blues des Rangers, facilement 10’000 sur les 60’000 du stade ! Ça promet ! Je m’assois à côté d’un autre « touriste » pour ce match. Et il me pose la question à laquelle j’aurais droit toute la journée : « Comment as-tu eu ton ticket ? ». En effet, ce précieux sésame se révèle être vraiment une denrée rare. Une simple statistique pour te le prouver : sur les 60’000 places du Celtic Park, il y a 60’000 abonnements !

Les gradins se remplissent rapidement et le speaker entame l’annonce de la feuille de match dans un vacarme ahurissant. S’en suit une rétrospective sur un ancien joueur du Celtic qui m’est bien évidemment inconnu et dont le talent devait plus ressembler à celui de Cabanas qu’à celui de Zidane… Qu’à cela ne tienne, le public lui réserve une standing ovation. Je ne connais pas ce joueur, mais je sens déjà les larmes montées à mes yeux rien qu’en voyant l’hommage qui lui est rendu ! Les tifos sont de sortie, plus originaux les uns que les autres. Un de ceux là présente sous le mot « Evolution » une série de singes dont le dernier – le plus évolué – est un homme aux couleurs vertes alors que le premier – encore à l’état de primate – arbore un maillot… bleu des Rangers ! On comprend mieux la neutralité du centre ville !

Les joueurs ne sont pas encore sur la pelouse que les chants débutent. Et là, la chair de poule est définitivement installée sur mes bras. « Hail, Hail, the Celts are here !!! ». Une fois les joueurs arrivés sur le pitch, le speaker met en marche la raison de mon déplacement : le fameux « You’ll never walk alone », héritage des ancêtres irlandais arrivés en nombre non seulement à Liverpool, mais aussi à Glasgow durant la grande famine de la moitié du 19ème siècle. Echarpes tendues au-dessus de la tête, les supporters entament les deux minutes les plus incroyables que j’ai vécu dans un stade ! Désolé mais même les 98’000 fans d’un Classico à Barcelone ne sont pas à la hauteur. Inoubliable, magique. Apres ça j’ai déjà hâte d’aller voir Lausanne – Servette ce dimanche…

Le coup de sifflet libère les joueurs mais les 60’000 supporters continuent de chanter. Je ne me souviens pas des 15 premières minutes du match, mes yeux étaient rivés sur les gradins ! Que le foot est beau dans ces moments-là ! Pour en revenir au match, rien de bien intéressant à dire, ça reste du foot écossais… Mi-temps, nous rejoignons la buvette pour un casse-croûte bien typique : tartelettes au porc et à la Guinness ! On est loin de nos bons vieux schubligs… mais c’est excellent malgré tout !

Retour au match. Le scénario catastrophe se produit, les Rangers marquent un but magnifique par Ehiogu. Les Celtics, on le sent tous dans les tribunes, n’arriveront pas à revenir ; le match contre Milan aura laissé des traces. Plus de chants, sauf du coté des 10’000 Blues présents, ceci suffirait toutefois à mettre le feu dans la majorité des stades… Score final 0-1. Nous n’aurons pas droit aux chants de victoire de nos amis celtes. La mauvaise humeur l’emporte. Preuve que même en étant sûr de gagner le championnat en fin de saison, une défaite face aux Rangers est une catastrophe ! La ville de Glasgow sera bleue cette semaine mais notre cœur, lui, restera à jamais vert ! « You’ll Never Walk Alone » !

Et ça dure depuis un siècle…
Rangers et Celtic : L’histoire d’une rivalité peu commune

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