1967, lisbonne : comment le celtic est devenu champion d’europe

Le 25 mai 1967 restera à jamais gravé dans l'histoire du football écossais et européen. Ce jour-là, au stade national de Lisbonne, le Celtic Glasgow réalisait l'impensable en remportant la Coupe d'Europe des clubs champions face au redoutable Inter Milan. Cette victoire historique propulsait le club au sommet du football continental et marquait le début d'une nouvelle ère pour le football britannique. Plongeons dans l'épopée extraordinaire des "Lisbon Lions" et découvrons comment une équipe composée uniquement de joueurs nés dans un rayon de 50 kilomètres autour de Glasgow a conquis l'Europe du football.

Le contexte historique du football européen en 1967

En 1967, le paysage du football européen était dominé par les clubs du sud du continent. Les équipes italiennes et espagnoles régnaient en maîtres sur la Coupe d'Europe des clubs champions, créée en 1955. Real Madrid avait remporté les cinq premières éditions, suivi par Benfica et l'Inter Milan. Les clubs britanniques, malgré leur riche histoire footballistique, peinaient à s'imposer sur la scène européenne.

Cette domination s'expliquait en partie par des différences tactiques et culturelles. Les équipes méditerranéennes privilégiaient un jeu plus technique et tactique, incarné par le fameux catenaccio italien. Les clubs britanniques, quant à eux, misaient sur un football plus direct et physique, qui s'avérait souvent moins efficace face aux stratégies défensives sophistiquées de leurs adversaires continentaux.

Le football écossais, bien que respecté pour sa passion et son intensité, n'était pas considéré comme une menace sérieuse pour les géants européens. Le Celtic Glasgow, malgré sa domination nationale, restait un outsider sur la scène continentale. Pourtant, sous la houlette de son entraîneur visionnaire Jock Stein, le club allait bientôt bouleverser tous les pronostics.

L'ascension du celtic glasgow vers la finale

Le parcours en coupe d'écosse et championnat national

La saison 1966-1967 du Celtic Glasgow fut exceptionnelle à tous points de vue. En championnat d'Écosse, l'équipe domina la compétition de la tête et des épaules, terminant avec 71 points, soit 3 de plus que les Rangers, leurs éternels rivaux. Leur attaque flamboyante inscrivit la bagatelle de 111 buts en 34 matchs, démontrant une efficacité offensive rarement vue dans le football écossais.

En Coupe d'Écosse, le Celtic réalisa également un parcours remarquable. Après avoir éliminé successivement Arbroath, Elgin City, Clyde et Motherwell, les Bhoys s'imposèrent en finale face à Aberdeen sur le score de 2-0. Cette victoire leur offrait le doublé Coupe-Championnat et confirmait leur suprématie sur le football écossais.

Les performances en coupe d'europe des clubs champions

Le parcours européen du Celtic fut tout aussi impressionnant. Au premier tour, ils éliminèrent le FC Zurich avec un score cumulé de 5-0. En huitièmes de finale, ils affrontèrent le FC Nantes, champion de France en titre. Après une victoire 3-1 à l'extérieur, les Écossais s'imposèrent 3-1 à domicile, démontrant leur capacité à rivaliser avec les meilleures équipes du continent.

Les quarts de finale opposèrent le Celtic au FK Vojvodina, champion de Yougoslavie. Après une défaite 1-0 à l'extérieur, les Hoops l'emportèrent 2-0 à Glasgow grâce à un but décisif de Billy McNeill dans les dernières minutes. En demi-finale, ils affrontèrent le Dukla Prague, champion de Tchécoslovaquie. Une victoire 3-1 à domicile suivie d'un match nul 0-0 à l'extérieur leur ouvrit les portes de la finale à Lisbonne.

L'impact tactique de jock stein

Le succès du Celtic doit beaucoup à l'approche tactique révolutionnaire de Jock Stein. Contrairement à la tendance défensive qui prévalait à l'époque, notamment en Italie avec le catenaccio , Stein prônait un football offensif et fluide. Il insistait sur la possession du ballon, les passes rapides et les mouvements constants des joueurs sans le ballon.

Stein avait développé un système de jeu en 4-2-4, qui se transformait souvent en 2-3-5 en phase offensive. Cette formation permettait au Celtic de submerger ses adversaires par des vagues d'attaques incessantes. Les arrières latéraux étaient encouragés à monter pour apporter le surnombre, tandis que les milieux de terrain servaient de plaque tournante pour alimenter les attaquants.

Le football est un jeu simple. Si vous avez le ballon, vous créez une chance. Si vous n'avez pas le ballon, vous ne pouvez pas en créer.

Cette philosophie de jeu, couplée à une condition physique exceptionnelle et une cohésion d'équipe forgée par des années de jeu en commun, allait s'avérer décisive face au style plus conservateur de l'Inter Milan en finale.

Les joueurs clés : jimmy johnstone et tommy gemmell

Parmi les nombreux talents qui composaient l'équipe du Celtic, deux joueurs se distinguaient particulièrement : Jimmy Johnstone et Tommy Gemmell. Johnstone, surnommé "Jinky" en raison de ses dribbles déroutants, était le maître à jouer de l'équipe. Ailier droit de petite taille mais doté d'une technique exceptionnelle, il terrorisait les défenses adverses par ses accélérations et sa capacité à créer des espaces.

Tommy Gemmell, quant à lui, incarnait parfaitement le style de jeu offensif prôné par Stein. Arrière latéral gauche doté d'une frappe de balle redoutable, il n'hésitait pas à se projeter vers l'avant pour apporter le surnombre. Son but égalisateur en finale contre l'Inter Milan allait d'ailleurs être crucial dans la victoire du Celtic.

L'inter milan : l'adversaire redoutable en finale

Le catenaccio d'helenio herrera

L'Inter Milan, sous la direction du légendaire entraîneur Helenio Herrera, était considéré comme l'équipe à battre en Europe. Herrera avait perfectionné le système du catenaccio , une tactique ultra-défensive basée sur une défense en ligne et des contres rapides. Ce style de jeu, bien que souvent critiqué pour son manque de spectacle, s'était avéré redoutablement efficace.

Le catenaccio de l'Inter reposait sur une défense à quatre, renforcée par un libero qui évoluait derrière la ligne défensive. Les milieux de terrain avaient pour consigne de harceler constamment les porteurs du ballon adverses, tandis que les attaquants devaient se montrer cliniques lors des rares occasions de contre-attaque.

Les stars de l'inter : sandro mazzola et giacinto facchetti

L'Inter Milan possédait dans ses rangs plusieurs joueurs de classe mondiale. Sandro Mazzola, fils du légendaire Valentino Mazzola, était le fer de lance de l'attaque milanaise. Doté d'une technique exceptionnelle et d'un sens du but aiguisé, il représentait la principale menace offensive pour le Celtic.

Giacinto Facchetti, le capitaine de l'équipe, était considéré comme l'un des meilleurs défenseurs de son époque. Arrière latéral gauche moderne avant l'heure, il alliait solidité défensive et capacité à se projeter vers l'avant. Son duel avec Jimmy Johnstone allait être l'une des clés du match.

Le bilan européen impressionnant de l'inter

L'Inter Milan abordait la finale de Lisbonne fort d'un palmarès européen impressionnant. Vainqueurs de la Coupe d'Europe en 1964 et 1965, les Nerazzurri avaient également remporté deux Coupes intercontinentales. Leur parcours en 1967 avait été tout aussi convaincant, avec des victoires contre des équipes redoutables comme le Real Madrid en quart de finale.

Cette expérience des grands rendez-vous européens faisait de l'Inter le favori logique de la finale. Pourtant, le Celtic allait prouver que la passion, le courage et un football offensif pouvaient triompher de l'expérience et du pragmatisme tactique.

La finale de lisbonne : analyse tactique et moments clés

Le stade national et l'ambiance du 25 mai 1967

Le 25 mai 1967, le stade national de Lisbonne accueillait la finale de la Coupe d'Europe des clubs champions dans une ambiance électrique. Plus de 45 000 spectateurs s'étaient massés dans les tribunes, dont une importante délégation de supporters écossais ayant fait le déplacement. La chaleur écrasante de Lisbonne, avec des températures avoisinant les 30°C, allait jouer un rôle important dans le déroulement du match.

L'atmosphère était chargée d'émotion et d'attente. Pour le Celtic, c'était l'occasion de devenir la première équipe britannique à remporter la plus prestigieuse des compétitions européennes. Pour l'Inter, il s'agissait de confirmer sa domination continentale et d'ajouter un troisième titre à son palmarès.

La domination offensive du celtic face au catenaccio

Dès le coup d'envoi, le contraste de styles entre les deux équipes fut saisissant. L'Inter Milan, fidèle à sa réputation, adopta une posture défensive, cherchant à fermer les espaces et à procéder par contres. Le Celtic, en revanche, prit d'emblée le contrôle du jeu, imposant un rythme élevé et multipliant les assauts sur le but italien.

La tactique du Celtic consistait à étirer la défense de l'Inter par des mouvements constants et des passes rapides. Les arrières latéraux, Tommy Gemmell et Jim Craig, montaient régulièrement pour apporter le surnombre, tandis que Jimmy Johnstone semait la panique dans la défense italienne par ses dribbles et ses accélérations.

Malgré cette domination, c'est l'Inter qui ouvrit le score dès la 7e minute sur un penalty de Sandro Mazzola. Ce but précoce semblait conforter la stratégie défensive des Italiens, qui se replièrent encore davantage pour préserver leur avantage.

Le but décisif de stevie chalmers à la 84e minute

Le Celtic continua à presser et à dominer, mais se heurtait à une défense italienne bien organisée. La persévérance des Écossais finit cependant par payer. À la 63e minute, Tommy Gemmell égalisa d'une frappe puissante des 20 mètres, récompensant enfin les efforts offensifs de son équipe.

Le match semblait se diriger vers les prolongations lorsque, à la 84e minute, Stevie Chalmers surgit pour marquer le but de la victoire. Sur un centre de Bobby Murdoch, Chalmers dévia le ballon du bout du pied, trompant le gardien Giuliano Sarti. Ce but, fruit d'un mouvement collectif typique du jeu prôné par Jock Stein, allait offrir au Celtic le titre le plus prestigieux du football européen.

Nous avons joué comme nous savons jouer, et le football a triomphé du catenaccio.

La performance héroïque de ronnie simpson dans les cages

Si l'attaque du Celtic a été justement célébrée, la performance du gardien Ronnie Simpson ne doit pas être oubliée. Face aux contres dangereux de l'Inter, Simpson réalisa plusieurs arrêts décisifs, notamment en fin de match lorsque les Italiens tentèrent le tout pour le tout.

À 36 ans, Simpson était le doyen de l'équipe. Son expérience et son sang-froid furent cruciaux pour maintenir le Celtic dans le match, particulièrement après l'ouverture du score de l'Inter. Sa prestation contribua grandement à la confiance de toute l'équipe, permettant aux joueurs offensifs de se projeter sans retenue vers l'avant.

L'héritage des "lisbon lions" dans le football écossais

La première équipe britannique championne d'europe

La victoire du Celtic à Lisbonne marqua un tournant dans l'histoire du football britannique. Pour la première fois, une équipe des îles britanniques remportait la Coupe d'Europe des clubs champions, brisant la domination des clubs du sud de l'Europe. Cette performance ouvrait la voie à d'autres succès britanniques, avec Manchester United qui allait remporter le trophée l'année suivante.

L'exploit était d'autant plus remarquable que l'équipe du Celtic était composée uniquement de joueurs nés dans un rayon de 50 kilomètres autour de Glasgow. Cette particularité renforçait le lien entre le club et sa communauté, faisant des "Lisbon Lions" de véritables héros locaux.

L'impact sur le développement du football en écosse

Le succès du Celtic eut un impact profond sur le football écossais. Il démontra que les clubs écossais pouvaient rivaliser avec les meilleures équipes européennes, insufflant une nouvelle confiance dans tout le pays. Cette victoire encouragea d'autres clubs écossais à adopter un style de jeu plus offensif et ambitieux.

Sur le plan tactique, l'approche de Jock Stein influença toute une génération d'entraîneurs écossais. L'accent mis sur le jeu offensif, la possession de balle et l'utilisation des arrières latéraux comme armes offensives devint une caractéristique du football écossais dans les années qui suivirent.

La compara

La comparaison avec les succès européens des clubs anglais

La victoire du Celtic en 1967 ouvrit la voie à une série de succès britanniques en Coupe d'Europe. L'année suivante, Manchester United remportait à son tour le trophée, suivi par les triomphes de Liverpool, Nottingham Forest et Aston Villa dans les années 70 et 80. Cependant, le contexte de ces victoires était différent de celui du Celtic.

Contrairement aux "Lisbon Lions", composés uniquement de joueurs locaux, les clubs anglais s'appuyaient souvent sur des stars internationales. De plus, leurs budgets étaient généralement plus importants que celui du Celtic. Cela rend l'exploit des Écossais d'autant plus remarquable, démontrant qu'une équipe soudée et bien entraînée pouvait rivaliser avec les géants du football européen.

Néanmoins, la victoire du Celtic resta longtemps isolée pour le football écossais. Aucun autre club du pays ne parvint à remporter la Coupe d'Europe, malgré quelques parcours honorables des Rangers notamment. Cela souligne à quel point l'équipe de 1967 était exceptionnelle, fruit d'une alchimie unique entre des joueurs talentueux et un entraîneur visionnaire.

Le Celtic a ouvert la voie, montrant que le football britannique pouvait s'imposer en Europe. Mais leur succès avec des joueurs uniquement locaux reste inégalé.

En définitive, si les clubs anglais ont par la suite confirmé la compétitivité du football britannique sur la scène européenne, la victoire du Celtic garde une place à part dans l'histoire. Elle incarne l'idée romantique d'une équipe profondément ancrée dans sa communauté, capable de s'élever au sommet du football continental par la force de son jeu collectif et de ses valeurs.

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